Réduction des intrants chimiques : les pratiques durables des vignerons

5 mai 2025

Pourquoi vouloir réduire les intrants chimiques en viticulture ?

Avant de plonger dans le détail des solutions, il est utile de comprendre les enjeux majeurs qui poussent les viticulteurs à revoir leur copie :

  • Impact environnemental : les intrants chimiques peuvent contaminer les sols, les eaux souterraines et la biodiversité. Pensez aux traces de pesticides retrouvées dans les rivières ou aux effets sur les sols, parfois rendus stériles par des années de traitements intensifs.
  • Impact sur la santé : l’exposition des travailleurs agricoles et des consommateurs aux résidus de produits chimiques suscite des inquiétudes croissantes.
  • Pression sociale et réglementaire : les consommateurs recherchent de plus en plus des vins "propres", poussant les vignerons à répondre à ces attentes. Par ailleurs, l’Union européenne impose désormais des restrictions croissantes sur certains produits phytosanitaires.

La Wallonie n’échappe pas à cette dynamique. Nombreux sont les vignerons wallons qui prennent des engagements pour protéger leur terroir tout en produisant des vins de qualité. Mais comment y parviennent-ils concrètement ?






La prophylaxie : prévenir plutôt que guérir

La réduction des intrants chimiques commence souvent par une approche préventive. Au lieu d’attendre que les maladies ou ravageurs s’installent, les vignerons mettent en place des pratiques favorisant la résilience naturelle de la vigne. Voici quelques exemples :

  • Choix des cépages : certains cépages sont naturellement plus résistants aux maladies. Les hybrides, par exemple, gagnent en popularité en Wallonie. Ces cépages croisés sont souvent moins sensibles au mildiou ou à l’oïdium.
  • Taille et ébourgeonnage : ces techniques culturales permettent de mieux aérer les grappes et de limiter les zones humides propices au développement des champignons.
  • Gestion de la biodiversité : en semant des engrais verts ou en installant des haies, les vignerons favorisent un écosystème équilibré où auxiliaires (comme les coccinelles) aident à limiter la pression des ravageurs.





Les alternatives biologiques : quand "naturel" rime avec efficace

Quand il est impossible de se passer totalement d’interventions, certains produits d’origine naturelle peuvent remplacer les intrants chimiques traditionnels.

  • Le soufre et le cuivre : très utilisés en agriculture biologique, ils restent incontournables pour lutter contre certaines maladies fongiques. Cependant, leur usage doit aussi être maîtrisé, car le cuivre, par exemple, peut s’accumuler dans les sols.
  • Les extraits végétaux : des décoctions de prêles ou d’orties, par exemple, peuvent limiter les attaques de certains pathogènes. Ces préparations sont déjà utilisées par des vignerons adeptes de la biodynamie.
  • Les ferments et micro-organismes : certaines levures ou bactéries peuvent renforcer les défenses naturelles de la plante ou inhiber les pathogènes directement.

Ces solutions, bien que "naturelles", nécessitent des connaissances approfondies et un suivi attentif. Elles s’inscrivent toujours dans une approche globale intégrant la gestion du sol, de l’eau et des cycles naturels.






La technologie au service de la réduction des intrants

Si l'histoire de la viticulture repose sur des savoir-faire ancestraux, les avancées technologiques épaulent désormais les vignerons dans leur quête de durabilité.

  • Les outils d’aide à la décision : des stations météo connectées, via des capteurs installés dans le vignoble, permettent de suivre en temps réel l'humidité, la température ou les risques de maladies. Ces données permettent d’intervenir uniquement en cas de besoin, réduisant ainsi les traitements systématiques.
  • La robotique : en Wallonie comme ailleurs, nous voyons apparaître des robots capables de désherber mécaniquement les vignes, supprimant l’usage d’herbicides. Certains prototypes peuvent même détecter les maladies au tout début de leur développement.
  • La pulvérisation de précision : grâce à des drones ou des tracteurs à faible dérive, les vignerons peuvent cibler uniquement les zones touchées, limitant la quantité de produit appliquée.





Le rôle croissant de la recherche et de la formation

Réduire les intrants demande une adaptation constante à de nouveaux défis. Heureusement, la recherche agronomique et les formations pour les viticulteurs facilitent cette transition.

  • Recherches universitaires : des instituts comme le CRA-W (Centre wallon de Recherches agronomiques) explorent des solutions pour une viticulture moins dépendante de la chimie, en étudiant notamment des cépages adaptés au climat wallon.
  • Programmes d'accompagnement : des initiatives locales ou européennes, comme Ecoantibio ou H2020, soutiennent financièrement et techniquement les vignerons dans leurs démarches.
  • Groupes de producteurs : en Wallonie, les associations de vignerons échangent régulièrement sur les bonnes pratiques et les solutions alternatives.





Vers une viticulture régénérative ?

Réduire les intrants chimiques est un premier pas, mais certains vignerons vont plus loin en s’engageant dans des pratiques régénératives. L’objectif ? Non seulement diminuer l’impact de la viticulture, mais aussi restaurer les sols et écosystèmes autour des vignes.

Par exemple, en Wallonie, de plus en plus de domaines se lancent dans l’agroforesterie, une technique qui consiste à planter des arbres au milieu des rangées de vignes. Résultat : une meilleure gestion de l’eau, une protection contre l’érosion des sols et une augmentation de la biodiversité.

Ces démarches demandent parfois des investissements importants et une dose d’expérimentation, mais elles s’inscrivent dans une logique de long terme, où terroir et environnement redeviennent indissociables.






Le consommateur a aussi un rôle à jouer

Et nous, amateurs de vin ? Soutenir ces démarches demande de repenser notre manière d’acheter et de choisir nos bouteilles :

  • Privilégiez les vins bio, biodynamiques ou certifiés HVE (Haute valeur environnementale).
  • Soutenez les domaines locaux, comme ceux de Wallonie, en visitant directement les producteurs ou les marchés.
  • Posez des questions sur les méthodes utilisées : un vigneron engagé sera toujours fier d’en parler !

Chaque décision compte : choisir un vin issu de pratiques durables, c’est encourager une agriculture respectueuse de notre planète, tout en savourant une boisson porteuse d’histoire et de sens.






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