Les décisions audacieuses d’un vigneron dédié à baisser son empreinte carbone

14 avril 2025

Le carbone, le nerf de la guerre dans les domaines viticoles

Avant d’entrer dans le vif du sujet, posons un constat : l’industrie du vin est loin d’être neutre en carbone. Entre la culture de la vigne, l’irrigation, le traitement phytosanitaire, la vinification et l’embouteillage, chaque bouteille de vin engendre indirectement un impact écologique non négligeable. Selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), le secteur agricole représente environ 24 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, la viticulture comptant parmi les contributeurs significatifs.

Un vigneron engagé doit donc se poser une question cruciale : jusqu’où suis-je prêt à aller pour réduire cet impact ? C’est justement ce que notre protagoniste a décidé de mettre sur la table.






1. Bannir les pesticides et engrais chimiques : une évidence… mais pas sans casse-tête

Notre vigneron a fait un choix que beaucoup jugeraient presque “basiques” dans la viticulture durable : il a totalement abandonné les intrants chimiques. Herbicides, pesticides de synthèse et engrais issus de la pétrochimie n’ont pas leur place dans ses parcelles.

Pourquoi ce choix a-t-il un impact ? Les engrais azotés, par exemple, sont responsables d’environ 13 % des émissions mondiales de protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2. En s’en passant, le vigneron évite ces rejets destructeurs pour la planète.

Mais cela n’a pas été sans difficulté. Remplacer les produits chimiques, c’est repenser entièrement sa manière de cultiver. Cela passe par :

  • le recours à des préparations naturelles, comme les décoctions végétales (ortie, prêle) pour renforcer naturellement la vigne ;
  • des engrais verts, comme la plantation de légumineuses ou de trèfles entre les rangs pour enrichir et protéger les sols ;
  • la réintroduction de biodiversité dans le vignoble, en accueillant des prédateurs naturels comme les chauves-souris ou les coccinelles.





2. Planter des cépages adaptés au climat et résilients

Les cépages classiques tels que le chardonnay ou le pinot noir, bien qu’excellents, ne sont pas toujours les plus adaptés aux conditions climatiques actuelles ou futures. Notre vigneron a donc opéré une décision audacieuse : remplacer progressivement une partie de ces cépages intemporels par des variétés résistantes.

Ces “nouveaux” cépages, parfois oubliés ou peu plébiscités, présentent plusieurs avantages :

  • ils demandent moins de traitements phytosanitaires grâce à leur résistance naturelle aux maladies comme le mildiou ou l’oïdium ;
  • ils supportent mieux les épisodes de sécheresse ou les amplitudes thermiques importantes ;
  • leur culture permet de maintenir la qualité sans intensifier les pratiques énergivores.

Certains exemples remarquables incluent le régent ou le solaris, aujourd’hui de plus en plus cultivés en Wallonie. Bien que ce choix implique parfois d’éduquer les consommateurs – peu familiers avec ces cépages –, il est payant à long terme.






3. Réduction massive des intrants énergétiques : l’énergie verte à l’honneur

La transformation d’une vendange en vin demande souvent des équipements gourmands en électricité : pressoir, pompes, climatiseurs dans les caves, etc. Notre vigneron a décidé de prendre les devants en optant pour une stratégie énergétique plus responsable :

  • Installation de panneaux solaires pour alimenter son chai en énergie verte ;
  • Optimisation des installations afin de diminuer toute déperdition énergétique (meilleure isolation des cuves ou de l’espace de stockage, par exemple) ;
  • Priorisation des processus gravitaires, limitant l’usage de pompes pour déplacer le vin durant la vinification.

Ce dernier point est particulièrement intéressant : en misant sur la gravité pour acheminer le raisin ou le moût dans les cuves, le vigneron intègre des méthodes « low-tech » directement inspirées de pratiques traditionnelles. Moins d’électricité, plus de retour à l’essentiel.






4. Emballages et transport : penser la bouteille, réduire le poids

Une autre décision radicale : notre vigneron a mis fin à l’utilisation de lourdes bouteilles de vin traditionnelles au profit d’alternatives légères (560 grammes au lieu de 750 grammes en moyenne pour une bouteille classique). C’est une stratégie gagnante sur plusieurs fronts :

  • Elle réduit la consommation de verre, un matériau à forte empreinte carbone lors de sa fabrication.
  • Elle allège les coûts et les émissions de transport. Moins de poids = moins de carburant consumé pour chaque trajet.

Néanmoins, ce choix impose une logistique rigoureuse pour maintenir la robustesse des bouteilles plus légères. En parallèle, il privilégie un mode de distribution local ou en circuit court, limitant les distances parcourues entre le domaine et le consommateur.






Un engagement au service de l’exemple

Au final, ces choix radicaux témoignent d’une vision claire et profondément innovante : cultiver autrement, produire mieux… tout en préservant la planète. Ce type d’initiative montre aussi qu’une viticulture engagée n’est pas une utopie, mais bien une nécessité dans un monde marqué par l’urgence climatique.

Et vous, la prochaine fois que vous dégusterez un verre de vin, penserez-vous à ces efforts incroyables réalisés en amont ? Prenez le temps d’échanger avec vos vignerons locaux, posez-leur vos questions, et soutenez, vous aussi, une production qui a du sens.






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