Les principales méthodes viticoles durables utilisées en Wallonie

24 avril 2025

La viticulture biologique : un choix de plus en plus répandu

La viticulture biologique est une méthode agricole qui proscrit l’usage de produits chimiques de synthèse tels que les herbicides, les pesticides ou encore les engrais artificiels. L’idée centrale est de laisser la vigne évoluer dans un écosystème naturel et d’adopter des solutions alternatives pour protéger les ceps contre les ravageurs et les maladies.

En Wallonie, où la viticulture reste un secteur encore jeune par rapport à ses voisins français, l’agriculture biologique connaît une véritable montée en puissance. Selon l’Agence wallonne pour la promotion d'une agriculture de qualité (APAQ-W), plusieurs vignobles locaux adoptent déjà cette approche. Une étude récente montre que près de 25 % des vignerons wallons appliquent aujourd’hui des pratiques biologiques certifiées ou en conversion, un chiffre en progression constante.

Concrètement, les vignerons privilégient des techniques naturelles comme le compost pour fertiliser les sols ou le recours à des pulvérisations à base de cuivre et de soufre, bien que l’usage de ces derniers tienne compte de régulières limitations réglementaires. De plus, ces vignobles favorisent une biodiversité dynamique en plantant des haies, des fleurs ou encore des plantes mellifères entre les rangs de vignes.






La biodynamie : reconnecter la vigne au cosmos

La biodynamie va un pas plus loin que l’agriculture biologique, avec une approche holistique et philosophique. Inspirée des travaux de Rudolf Steiner, elle repose sur le principe d’harmonisation entre la vigne, le sol, et les rythmes cosmiques, accompagnée de l’usage de « préparations » spécifiques à base de matières naturelles comme la corne de bœuf ou des extraits végétaux.

En Wallonie, plusieurs vignerons innovants se sont tournés vers la biodynamie, bien que cette pratique reste encore marginale. Un exemple notable est celui du Domaine de la Distillerie à Furnaux, l’un des rares certifiés Demeter, le label le plus emblématique en biodynamie. Ces viticulteurs privilégient des cycles lunaires pour la taille de la vigne ou la mise en bouteille, et affirment que cette méthode ne renforce pas seulement la qualité du vin, mais également la santé du vignoble à long terme.

Envie d’un vin biodynamique wallon ? Les vins issus de ces exploitations se distinguent par leur fraîcheur, leur complexité et bien souvent par un respect accru des spécificités du terroir.






La permaculture : un modèle de symbiose pour la vigne wallonne ?

La permaculture, d’abord pensée pour l’agriculture vivrière, intrigue depuis quelques années les vignerons en quête de durabilité. Cette méthode repose sur la conception de systèmes agricoles qui imitent les écosystèmes naturels. En pratique, cela signifie rendre la vigne moins dépendante en intrants extérieurs et encourager une interconnexion avec d’autres plantes, arbres ou petits animaux.

En Wallonie, les expérimentations en permaculture viticole restent modestes, mais prometteuses. Par exemple, des projets pilotes sur certaines petites exploitations testent l’introduction de compagnons végétaux comme le trèfle blanc ou des herbes aromatiques entre les rangs, afin d’améliorer la couverture du sol et de limiter l’érosion.

Les premiers retours des vignerons pratiquant la permaculture sont cependant sans appel : si le passage à ce modèle demande plus de main-d’œuvre initialement, les résultats sur la qualité du sol et la résilience de la vigne face au changement climatique sont particulièrement encourageants.






Réduire les intrants chimiques : la clé d’un avenir plus propre

Pour minimiser leur impact environnemental, de plus en plus de vignerons wallons ont réduit drastiquement leur recours aux intrants chimiques, même dans les vignobles non-certifiés bio. Le désherbage mécanique, plus coûteux mais plus respectueux de la biodiversité, devient un standard.

  • Remplacement du glyphosate : De nombreux vignobles ont progressivement cessé d’utiliser ce pesticide controversé, le remplaçant par des techniques mécaniques telles que le griffage du sol.
  • Biocontrôle : Très en vogue, ce procédé utilise des mécanismes naturels pour protéger les vignes : prédateurs naturels contre les ravageurs ou encore phéromones pour dérouter les insectes nuisibles.

Ces changements contribuent non seulement à une faune et une flore plus diversifiées, mais aussi à améliorer la perception du vin wallon sur les marchés, où la traçabilité et la durabilité prennent de plus en plus de place.






Les traitements naturels en viticulture : des alliés indispensables

Les vignerons durables se tournent aussi vers des alternatives naturelles pour protéger leurs vignes des maladies et nuisibles. Par exemple :

  • Les pulvérisations d’extraits végétaux (comme la prêle ou l’ortie) pour renforcer la résistance des ceps ;
  • Le soufre et le cuivre, utilisés en doses contrôlées, pour lutter contre les principales maladies comme l’oïdium ou le mildiou ;
  • Les huiles essentielles, encore peu utilisées mais très prometteuses pour prévenir des attaques d’insectes.

Ces pratiques, bien que nécessitant beaucoup d’efforts et parfois coûteuses, permettent de maintenir des résultats compétitifs tout en proposant au consommateur un produit exempt de traces de pesticides.






Quels impacts environnementaux et quel lien avec la qualité des vins ?

Les pratiques viticoles durables ne se limitent pas à cocher des cases environnementales : elles transforment en profondeur le vignoble wallon, tout en influençant le caractère même des vins locaux. L’adoption de ces méthodes contribue à :

  • Préserver la biodiversité : Les sols vivants abondants en micro-organismes rendent la vigne plus saine et plus résistante.
  • Réduire l’érosion : En protégeant les sols avec des couverts végétaux, les vignes sont mieux ancrées et moins sensibles aux fortes pluies.
  • Limiter les émissions de carbone : Une gestion écologique favorise le potentiel de captation du CO2 par les sols et les cultures.

Enfin, l’aspect gustatif n’est pas en reste. Les vignerons engagés remarquent souvent une expression aromatique accrue dans leurs vins. Qu’il s’agisse d’une meilleure typicité du terroir ou de saveurs plus complexes, tous s’accordent à dire que la diversité réside au cœur de cette démarche durable.






Vers un futur synonyme d’excellence durable

La Wallonie, avec ses initiatives novatrices et ses terroirs prometteurs, prouve qu’il est possible d’allier production viticole et respect de la nature. Si la transition n’en est qu’à ses débuts à l’échelle régionale, elle ouvre déjà la voie à des vignobles plus résilients tout en révélant des vins authentiques et vivants. Ainsi, chaque gorgée d’un vin wallon durable ne soutient pas seulement une économie locale : elle ravive aussi la richesse d’un écosystème et raconte une histoire de passion et de responsabilité.






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