Quand la vigne respecte la terre : les bienfaits environnementaux de la viticulture durable

8 mai 2025

Qu’est-ce que la viticulture durable et pourquoi s’y intéresser ?

La « viticulture durable » n’est pas qu’un terme à la mode pour séduire les consommateurs. Elle désigne une gestion raisonnée des vignes qui prend en compte des enjeux économiques, sociaux et surtout environnementaux. Elle diffère de la viticulture conventionnelle en minimisant les interventions chimiques et en favorisant les cycles naturels, tout en garantissant une rentabilité pour les exploitations.

Mais au-delà du label ou des pratiques affichées, cette approche vise un objectif clair : faire de la vigne un acteur de restauration des écosystèmes, plutôt que de leur dégradation. Et lorsqu’elle est bien appliquée, les résultats peuvent être aussi impressionnants que bénéfiques.






Repenser la gestion des sols pour les préserver

Le sol est le cœur de toute activité agricole, et encore plus en viticulture où il influence directement la qualité du raisin, donc celle du vin. Là où les pratiques conventionnelles ont parfois tendance à appauvrir les sols, la viticulture durable mise tout sur leur préservation, voire leur régénération.

  • Réduction de l’érosion : L’érosion des sols est un fléau majeur dans les vignobles en pente. Pour y pallier, l’ensemencement de couvertures végétales (comme des graminées ou des légumineuses) est courant en viticulture durable. Ces plantes agissent comme des barrières naturelles, retiennent le sol et limitent son ruissellement sous l’effet des pluies.
  • Restauration de la matière organique : En limitant les labours intensifs et en incorporant des composts ou des engrais organiques, ces pratiques augmentent la teneur en matière organique du sol. Cela le rend plus vivant, résilient, et apte à stocker davantage de carbone.
  • Favoriser la biodiversité des sols : Les micro-organismes, ces travailleurs invisibles, retrouvent toute leur importance dans les systèmes durables. En bannissant les intrants chimiques lourds, la vie microscopique reprend des forces, contribuant à une meilleure santé des sols.





Une meilleure gestion des ressources en eau

Le changement climatique rend la gestion de l’eau toujours plus cruciale. Entre sécheresses, stress hydrique et précipitations excessives, la vigne est sous pression. Les viticulteurs qui optent pour des méthodes durables intègrent cette réalité dans leurs pratiques.

  • Moins d’irrigation, plus de résilience : Dans de nombreux vignobles, notamment en France, les réglementations limitent l’irrigation. La viticulture durable choisit d’aller encore plus loin en sélectionnant des cépages plus adaptés à la sécheresse ou en pratiquant des tailles qui encouragent des systèmes racinaires plus profonds. Cela limite la dépendance à une irrigation artificielle.
  • Amélioration de la rétention d’eau : Grâce à des sols mieux structurés (grâce aux pratiques évoquées plus haut), l’eau de pluie est mieux absorbée et reste disponible plus longtemps pour les racines de la vigne.
  • Restauration des ressources : Certaines exploitations s’engagent dans la création de mares ou la réhabilitation de zones humides autour des parcelles. Ces espaces régulent naturellement les excès d’eau ou rechargent les nappes phréatiques.





Un allié pour préserver la biodiversité

Un vignoble conventionnel, avec un usage intensif d’herbicides et de pesticides, a tendance à rendre les parcelles stériles pour les autres formes de vie. La viticulture durable prend ce défi à bras-le-corps pour transformer ces espaces en véritables sanctuaires naturels.

Voici quelques résultats concrets :

  • Des corridors pour les pollinisateurs : Les haies autour des vignobles ou les plantations entre les rangs de vigne attirent abeilles, papillons et autres insectes essentiels à l’équilibre écologique.
  • Co-habitation animale : Certaines exploitations introduisent des moutons pour pâturer entre les ceps. Cela remplace efficacement les tondeuses mécaniques tout en favorisant le retour d’espèces animales locales qui renouent avec leur habitat.
  • Richesse florale accrue : L'abandon des herbicides permet à une large gamme de fleurs et de plantes autochtones de recoloniser les sols, favorisant toute une chaîne d’interactions écologiques.





Réduction de l’empreinte carbone

La viticulture durable agit aussi comme une réponse directe aux enjeux climatiques. En misant sur des pratiques vertueuses, elle aide à enrayer les émissions de gaz à effet de serre et, mieux encore, piège le carbone.

  • Diminution des intrants chimiques : Produire des engrais ou des pesticides de synthèse exige une immense quantité d’énergie et d’émissions carbone. Leur limitation ou remplacement par des alternatives naturelles (comme le compost) réduit cet impact.
  • Stockage du carbone dans les sols : Nous en avons parlé plus haut : une terre vivante capte mieux le carbone atmosphérique, jouant ainsi un rôle actif dans la lutte contre le réchauffement.
  • Energies renouvelables : Quelques domaines pionniers en Wallonie, et ailleurs, misent déjà sur des équipements solaires ou des véhicules électriques pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.





Se diriger vers une viticulture régénérative ?

Bien que la viticulture durable ait déjà un effet positif majeur sur les écosystèmes, une tendance encore plus récente émerge : la viticulture régénérative. Celle-ci va plus loin : elle ne se limite pas à réduire les impacts négatifs, mais cherche à réparer les dommages causés au fil des ans. Cela passe par une intensification des pratiques favorables, comme la reboisation des abords des vignobles ou l’utilisation de biofertilisants produits directement sur place.

Preuve que les choses bougent : en Wallonie, plusieurs projets cherchent à mêler agriculture régénérative et viniculture. On voit fleurir des collaborations entre agronomes, œnologues et environnementalistes pour créer des modèles de vignobles à la fois rentables et pleinement intégrés à leur environnement.






Et si on regardait aussi dans notre verre ?

Boire un vin issu de pratiques durables, c’est bien plus qu’une tendance « green » : c’est un geste fort pour soutenir des vignerons engagés dans la préservation de notre planète. Si la Wallonie est encore discrète sur la scène viticole européenne, elle regorge de domaines s’inscrivant dans cette démarche. Ces vins ont une histoire à raconter, celle d’un équilibre retrouvé entre la vigne et son environnement.

Alors la prochaine fois que vous choisissez une bouteille, pensez à regarder plus attentivement les démarches entreprises par les vignerons. Parce qu’en fin de compte, chaque petit geste, tout comme chaque verre de vin, compte. Santé !






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