Biodynamie en Wallonie : le choix audacieux d'une jeune vigneronne

8 avril 2025

La Wallonie, un terroir plein de défis

Avant de plonger dans le parcours de cette vigneronne, il est crucial de planter le décor : la Wallonie. Cette région de Belgique est connue pour ses paysages vallonnés, ses sols variés et son climat souvent capricieux. Contrairement à d’autres grandes régions viticoles européennes, la Wallonie ne bénéficie pas d’un historique viticole aussi riche, même si la vigne y connaît un renouveau spectaculaire depuis deux décennies.

L’un des principaux défis pour les vignerons wallons est le climat. Avec des hivers froids, des étés souvent humides et des risques accrus de maladies cryptogamiques (comme le mildiou et l’oïdium), travailler en Wallonie nécessite une attention minutieuse et un travail préventif rigoureux. Pourtant, c’est précisément dans cet environnement exigeant que notre jeune vigneronne a opté pour la biodynamie. Un choix courageux, et pas par hasard.






La biodynamie, c’est quoi exactement ?

La biodynamie va au-delà de l’agriculture biologique. Inspirée par les travaux du philosophe autrichien Rudolf Steiner dans les années 1920, cette méthode prône une vision holistique de la ferme ou du vignoble, considéré comme un écosystème à part entière. Les pratiques biodynamiques incluent notamment :

  • L’utilisation d’infusions et de préparations naturelles, comme la fameuse “500” (bouse de corne) ou la silice de quartz, pour stimuler la vitalité des sols et des plantes.
  • La prise en compte des cycles lunaires et planétaires pour planifier les travaux de la vigne (taille, semis, vendanges).
  • La promotion de la biodiversité, avec l’introduction de haies, d’arbres ou encore de ruches, créant un environnement propice aux auxiliaires naturels (comme les coccinelles ou les abeilles).

Passer à la biodynamie implique un investissement important en termes de temps, d’éducation et de travail manuel. Mais pour cette jeune vigneronne, c’est un prix qui en vaut la peine.






Un choix dicté par des valeurs fortes

Alors, pourquoi cette jeune vigneronne a-t-elle fait le grand saut vers la biodynamie ? Tout a commencé par un sentiment partagé par de nombreux jeunes agriculteurs et viticulteurs : le besoin de se reconnecter à la nature. Pendant plusieurs années, elle a travaillé dans des vignobles qui utilisaient des méthodes conventionnelles, souvent intensives. Face à des sols de plus en plus pauvres et une faune locale en déclin, elle a pris conscience qu’une autre voie était possible.

Rencontrer des vignerons pionniers de la biodynamie, notamment en Alsace et dans la Loire, a été un déclic. Ce qui l’a particulièrement séduite ? Le respect des terroirs et l’impact positif sur la qualité des vins. “Les vins issus de la biodynamie ont une vraie énergie, une authenticité que je ne retrouvais pas ailleurs”, aime-t-elle dire.






Des résultats concrets dans le vignoble

Adopter la biodynamie a eu des conséquences positives directes sur son vignoble. Après seulement quelques années, elle a constaté :

  • Une augmentation de la biodiversité dans les parcelles : retour des abeilles, des papillons et même d'espèces d’oiseaux rares.
  • Un sol plus vivant, riche en humus et en micro-organismes essentiels à la vigueur des pieds de vigne.
  • Une meilleure résistance naturelle aux maladies grâce à des vignes plus équilibrées.

Du côté des vins, les résultats ne se sont pas fait attendre. Les dégustateurs mentionnent des cuvées plus expressives, avec davantage de profondeur et une belle pureté. “En biodynamie, on ne cherche pas le rendement maximal, mais la qualité maximale”, explique-t-elle. Et cela se ressent dans la bouteille.






Les défis de la biodynamie en Wallonie

Bien sûr, choisir la biodynamie n’est pas un long fleuve tranquille, surtout dans une région comme la Wallonie. Parmi les défis, on peut noter :

  • Le climat parfois difficile, qui rend périlleuse la gestion des maladies sans recours aux produits phytosanitaires de synthèse.
  • La main-d’œuvre nécessaire, car la biodynamie demande énormément de travail manuel, notamment pour les traitements et l’entretien des sols.
  • Le coût des certifications, comme le label Demeter, qui garantit aux consommateurs que les vins sont bien produits selon les principes biodynamiques.

Mais pour elle, ces obstacles ne sont pas insurmontables. “Ce n’est pas facile tous les jours, mais je vois la différence dans mes vignes. Et ça, ça me motive”, confie-t-elle.






L’avenir de la biodynamie en Wallonie

Avec près de 200 hectares de vignes en production et des dizaines de domaines créés ces dernières années, la viticulture wallonne est en plein essor. Dans ce contexte, la biodynamie pourrait jouer un rôle clé en proposant des vins plus respectueux de l’environnement et au caractère unique.

Cette jeune vigneronne représente une des nombreuses voix engagées qui émergent aujourd’hui en Wallonie. Son choix de la biodynamie témoigne d’une volonté de produire autrement, tout en démontrant que la qualité et la durabilité ne sont pas incompatibles. Alors que de plus en plus de consommateurs privilégient les produits locaux et respectueux de la nature, son engagement incarne cette transition vers une agriculture plus consciente et responsable.

En fin de compte, peut-être que la question n’est pas tant pourquoi elle a choisi la biodynamie, mais plutôt : pourquoi pas ?






En savoir plus à ce sujet :