Les nouvelles générations de vignerons : un moteur pour le renouveau viticole en Wallonie
14 février 2025
14 février 2025
La viticulture wallonne, longtemps passée sous les radars, connaît aujourd’hui un essor remarquable. En 2021, la Wallonie comptabilisait près de 200 hectares de vignes, selon l’Association des Vins Wallons, soit une augmentation notable par rapport aux décennies précédentes. Cette croissance est en grande partie portée par une nouvelle génération de vignerons motivés et innovants.
Ce profil de néo-vignerons se distingue par plusieurs éléments :
La volonté de cultiver mieux et de respecter l'environnement est omniprésente chez ces jeunes vignerons. En Wallonie, cette démarche est d’autant plus cruciale que la viticulture se développe sur des sols partagés avec d’autres cultures agricoles. Voici quelques initiatives phares de ces nouvelles générations :
Bon nombre de jeunes domaines se lancent dans une conversion biologique, voire biodynamique. Cela se traduit par :
Ce choix, tout sauf anodin, demande souvent un investissement de temps et d’argent. Pourtant, l’engagement est payant : les vins produits de manière durable attirent un public de plus en plus sensibilisé à l’environnement.
Contrairement à l’industrialisation parfois associée à la production viticole classique, ces jeunes vignerons redoublent d’efforts pour limiter la mécanisation. La taille, les vendanges et même le désherbage sont souvent réalisés à la main, privilégiant une approche artisanale et plus respectueuse de la vigne.
Un autre aspect central de cette nouvelle vague est l’approche "zéro intermédiaire". Certains vignerons choisissent de distribuer leurs vins localement, par la vente directe, via des marchés de producteurs ou en collaborant avec des restaurants de la région. Cela réduit l’empreinte carbone du transport tout en créant un lien plus fort avec les consommateurs.
La Wallonie, avec son climat frais et ses sols variés, ne permet pas de cultiver n’importe quel cépage. C’est là que les nouvelles générations jouent un rôle clé : elles expérimentent des plants mieux adaptés, souvent résistants aux maladies et capables de s’épanouir sur les terroirs locaux. Ces cépages dits « interspécifiques » incluent par exemple le Johanniter, le Solaris ou encore le Regent, qui donnent des résultats prometteurs.
En parallèle, certains osent cultiver des cépages plus classiques comme le Chardonnay et le Pinot Noir, profitant des effets – pourtant complexes – liés au réchauffement climatique. Ce mélange d’audace et de respect du terroir contribue à la diversification et à la qualité des vins wallons.
Une autre caractéristique marquante de ces jeunes viticulteurs en Wallonie est leur adoption proactive des technologies modernes :
Ces innovations leur permettent d’optimiser leur production tout en conservant des pratiques respectueuses de l’environnement.
Enfin, beaucoup de ces nouveaux vignerons perçoivent également leur mission comme éducative. Ils souhaitent transmettre leurs savoirs et sensibiliser aux enjeux actuels de la viticulture. Certains organisent des ateliers, participent à des événements comme « Vignobles et découvertes » ou collaborent avec des écoles d’horticulture pour former les talents de demain.
Grâce à l'énergie de ces jeunes générations, les vins de Wallonie gagnent en visibilité et en crédibilité sur la scène nationale et internationale. Là où la région était auparavant perçue comme « annexe » par rapport à d'autres vignobles européens, elle commence aujourd’hui à séduire par sa singularité et ses initiatives responsables.
Il reste encore du chemin à parcourir, notamment en termes de reconnaissance officielle des appellations locales. Mais avec cette jeunesse innovante et passionnée à la tête du mouvement, le vignoble wallon n’a jamais été aussi plein de promesses.