De la tradition médiévale à la renaissance : comment la viticulture a façonné la Wallonie

8 février 2025

les moines, pionniers des vignobles auxerrois

Au Moyen Âge, la Wallonie faisait partie d'une région prospère connue sous le nom de Lotharingie. C’est dans ce contexte médiéval que la viticulture régionale a connu son premier essor important grâce à l’influence des ordres monastiques. Les moines bénédictins et cisterciens, en particulier, ont joué un rôle déterminant dans l’établissement des vignobles. Leur dévotion et leur savoir-faire ont permis de perfectionner les méthodes de viticulture et de vinification.

Souvent installés dans des lieux reculés, propices à la méditation et au travail, les moines identifiaient les terroirs favorables autour de leurs abbayes. L’abbaye de Villers-la-Ville, par exemple, est l’un des exemples les plus emblématiques en Wallonie, avec des archives datant du XIIe siècle qui mentionnent des vignobles entretenus par les religieux.

Les moines n’avaient pas qu’une visée spirituelle dans cette œuvre viticole. Le vin, utilisé au cours de la messe, était également une source de revenus pour financer leurs monastères. Ils maîtrisaient l’ensemble de la chaîne de production, de la plantation des ceps à la commercialisation du vin. En ce sens, leur travail a jeté les bases de la tradition viticole wallonne, tout en démontrant la compatibilité des terres locales avec la culture de la vigne.






le choc du phylloxéra : un vignoble durement éprouvé

L’histoire de la viticulture auxerroise n’a pas été un long fleuve tranquille. L’un des épisodes les plus destructeurs a été provoqué par un petit insecte originaire des États-Unis : le phylloxéra. Arrivé en Europe à la fin du XIXe siècle, ce puceron attaquait les racines des vignes et décimait les vignobles en quelques années seulement.

Comme dans la plupart des régions viticoles d’Europe, les vignobles wallons n’ont pas échappé à la catastrophe. À une époque où les moyens de lutte contre le phylloxéra étaient limités, les pertes furent immenses. De nombreux vignerons abandonnèrent leurs parcelles, par désespoir ou par nécessité économique, et certaines surfaces viticoles ne furent tout simplement jamais replantées.

Le salut est finalement venu d’une technique révolutionnaire : le greffage des cépages européens sur des porte-greffes américains, résistants au phylloxéra. Toutefois, en Wallonie, le coup porté par l’épidémie a marqué un tournant. Il a largement contribué au déclin de la viticulture locale, laissant d’autres cultures agricoles dominer le paysage.






quand les grandes régions viticoles éclipsent l'auxerrois

Aux XIXe et XXe siècles, la Wallonie a vu sa viticulture s’estomper progressivement face à la concurrence d'autres régions viticoles. La France, avec ses grands crus bordelais, son champagne ou encore ses vins bourguignons, a affirmé sa suprématie. Les consommateurs se tournaient désormais vers des appellations prestigieuses et reconnues, délaissant les vins de terroirs moins renommés.

La Wallonie, en l’absence de structures bien établies pour protéger et promouvoir ses vins, n’a pas su rivaliser. Par ailleurs, la montée en puissance de la bière, emblématique en Belgique, a également contribué à reléguer la viticulture au second plan. Ce double phénomène – attrait pour les grands crus étrangers et valorisation des bières locales – a presque fait disparaître les vignobles wallons.






crises et renaissance : le feu toujours vivant sous les cendres

Malgré ces défis, la viticulture auxerroise a toujours gardé une flamme. À partir des années 1970, avec l’éveil des consciences environnementales et un engouement croissant pour les produits locaux, de nouveaux acteurs ont décidé de relancer la vigne en Wallonie. Des passionnés, souvent néophytes, mais enthousiastes, ont entrepris de réhabiliter des parcelles abandonnées.

C’est également à cette période que le climat a commencé à jouer en faveur du renouveau viticole. Le réchauffement climatique, s’il pose de nombreux défis, a permis à des régions plus septentrionales de reconsidérer la culture de la vigne. La Wallonie bénéficie aujourd'hui d’une météo parfois plus favorable à la production de vins de qualité, notamment pour des cépages comme l’auxerrois, le pinot noir ou encore le chardonnay.

Par ailleurs, le soutien des institutions régionales et européennes, souvent à travers des subventions pour une agriculture durable, a permis à de nombreux producteurs de se lancer. Ces efforts ont abouti à la création de véritables domaines viticoles modernes. On recense aujourd’hui plus de 200 hectares de vignes en Wallonie, un chiffre modeste mais en constante augmentation.






les moments clés de l'histoire viticole wallonne

Le cheminement de la viticulture wallonne peut être divisé en plusieurs étapes marquantes :

  • XIIe siècle : installation des premiers vignobles par les moines, notamment autour des abbayes comme Villers-la-Ville.
  • XIXe siècle : dévastation du vignoble par le phylloxéra, provoquant un déclin massif.
  • XXe siècle : éclipsé par les grandes régions viticoles et l’essor de la bière belge, la viticulture peine à survivre.
  • Années 1970 : premières initiatives de renaissance viticole menées par des passionnés.
  • Années 2020 : développement accru grâce à des consommateurs soucieux de durabilité et de circuits courts.





un avenir prometteur pour le vignoble wallon

Avec une production certes modeste mais en pleine expansion, la Wallonie semble bien décidée à reconquérir ses lettres de noblesse viticoles. Aujourd’hui, de jeunes vignerons mettent en avant la richesse des terroirs locaux et expérimentent des pratiques viticoles durables pour affronter les défis du changement climatique.

Le mouvement séduit également une clientèle locale et internationale en quête d'authenticité. Qui sait, dans quelques décennies, les vins de Wallonie pourraient bien figurer aux côtés des grands noms européens. Une belle revanche pour cette région qui n’a jamais complètement abandonné son amour de la vigne !






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