Quels sont les cépages autochtones et traditionnels en Wallonie ?
9 mars 2025
9 mars 2025
Avant toute chose, précisons ce qu’est un cépage autochtone. Ce terme désigne une variété de vigne endémique d’une région ou qui y est bien implantée depuis des siècles, souvent adaptée à son terroir, son climat et ses sols. En Wallonie, ils sont rares mais non inexistants. Voici les plus notables :
Cependant, soyons honnêtes : ces cépages sont plus des anecdotes historiques que des piliers à grande échelle de la viticulture wallonne actuelle. Cela dit, ils témoignent d’une richesse génétique et d’un potentiel à explorer.
Si les cépages autochtones sont rares, les cépages traditionnels, eux, occupent une place plus importante. Ce sont des variétés largement cultivées en Wallonie, bien adaptées et souvent liées à son patrimoine viticole. Voici les plus emblématiques :
Traditionnellement associé à la Bourgogne, le pinot noir trouve désormais sa place sur les terres wallonnes. Il s’adapte bien au climat frais et donne des vins élégants, aux arômes complexes de cerise, de framboise et de sous-bois. Les sols calcaires du Condroz, par exemple, se prêtent parfaitement à sa culture. En Wallonie, il est aussi un des cépages phares pour élaborer des vins effervescents de méthode traditionnelle.
Impossible de parler de la viticulture wallonne sans mentionner le chardonnay. Ce cépage international est particulièrement présent dans les vignobles wallons, où il s’exprime avec des notes de fruits jaunes, de fleurs blanches et de noisette. Selon l’AVW (Association des Vignerons Wallons), une majorité des vignobles en Wallonie intègrent du chardonnay dans leurs assemblages ou monocépages.
Ce cépage d’origine germanique, un croisement entre le riesling et le madeleine royale, a été implanté en Belgique au XXe siècle. Il est apprécié pour son cycle végétatif court, ce qui en fait un bon candidat pour les climats plus frais. En Wallonie, il produit des vins vifs et aromatiques, parfaits en apéritif.
Le régent est un cépage récent, principalement cultivé dans des démarches de viticulture durable. Résistant aux maladies comme le mildiou et l’oïdium, il évite souvent l’emploi de produits phytosanitaires. En Wallonie, il gagne en popularité et est utilisé tant pour des rouges fruités que pour des rosés légers.
Autre cépage résistant, le solaris est parfois classé parmi les « hybrides modernes ». Il est très présent dans les jeunes vignobles wallons qui misent sur une agriculture biologique ou raisonnée. Aromatique, il offre des vins blancs aux notes de fruit de la passion et d’abricot.
En Wallonie, le choix entre cépages traditionnels et hybrides est un sujet d’actualité. Les hybrides, comme le régent ou le solaris, sont souvent plantés pour leur résistance naturelle et leur faible besoin en traitements chimiques. En revanche, certains amateurs de vin préfèrent les cépages traditionnels, considérés comme plus authentiques au niveau du profil aromatique.
Un chiffre intéressant à noter : selon les données de l’AVW de 2022, environ 40 % des surfaces viticoles wallonnes sont désormais plantées en cépages résistants tandis que les 60 % restants sont dominés par le chardonnay, le pinot noir ou le müller-thurgau.
Le changement climatique joue un rôle déterminant dans la viticulture wallonne. Si autrefois les cépages résistants aux climats froids étaient privilégiés, l’élévation progressive des températures ouvre la voie à des variétés plus exigeantes. Le pinot noir et le chardonnay, par exemple, s’épanouissent mieux aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Certains vignerons envisagent même de planter des cépages méridionaux, comme le syrah ou le grenache, bien que ce soit encore à l’état d’expérimentation.
Faire le choix de cépages autochtones ou traditionnels, c’est avant tout valoriser l’identité d’un terroir. En Wallonie, où la viticulture est encore jeune, cette démarche aide à construire une spécificité régionale face aux vins internationaux uniformisés. C’est aussi une façon de promouvoir une agriculture durable, puisque ces cépages sont souvent mieux adaptés aux sols et au climat, nécessitant moins d’intrants chimiques.
La Wallonie est à un tournant de son aventure viticole. En misant sur des cépages adaptés ou résistants, tout en valorisant son patrimoine traditionnel, elle dessine peu à peu une identité propre. D’ici une dizaine d’années, il sera intéressant de voir si les cépages autochtones comme le plant de Wanzoul reprennent vie à plus grande échelle, ou si d’autres variétés discrètes sortent de l’ombre à la faveur des recherches agronomiques.
Et vous, avez-vous déjà goûté un vin issu de cépages autochtones ou résistants produits en Wallonie ? Si non, je ne peux que vous encourager à explorer les trésors insoupçonnés de nos vignobles locaux. C’est l’occasion de soutenir des vignerons passionnés tout en élargissant vos horizons œnologiques !